Canapés et chaises de bureaux : nos meilleurs ennemis
La sédentarité s'est mauvais pour la santé. Tout le monde le sait, personne ne le remet en cause, et pourtant nous sommes très nombreux.ses à être sédentaires quand même.
Alors pourquoi ?
Qu'est ce qui nous pousse à être sédentaires ? Qu'est ce qui nous empêche d'être actif.ves ?
Évidemment il y a de multiples raisons des deux cotés, des facteurs sociologiques, économiques, personnels etc ... Je n'évoquerai pas tout ici, je souhaite juste présenter quelques clés de compréhension !
La Balance bénéfices/risques
C'est une notion qu'on utilise en médecine pour savoir s'il faut proposer un traitement ou pas. On met en perspective d'une part ce que l'on attend du traitement, et d'autre part les risques que court la.e patient.e en prenant ce traitement.
Les effets attendus peuvent être de soigner une maladie, de réduire la pression artérielle, ou bien de soulager une douleur par exemple.
Les risques, que l'on appelle plus couramment les "effets secondaires" ou "effets indésirables" peuvent être légers comme les maux de ventre typiques des anti inflammatoires, ou très graves comme certaines allergies médicamenteuses.
Pour améliorer la prise en charge des patient.es on essaie de quantifier le plus précisément possible les effet bénéfiques VS les effets secondaires, pour proposer le traitement le plus adapté et le moins dangereux/désagréable pour la.e patient.e.
De manière générale, plus un traitement a un effet puissant et plus ses effets secondaires seront forts également. Par exemple, le paracétamol qui est en vente libre donne un effet anti douleur léger et des effets secondaires en général très légers voir absents. Il peut y avoir des réactions graves, mais dans de très très rare cas (si on ne dépasse pas les doses bien entendu !). Alors que les chimiothérapies ont des effets très puissants sur le corps pour pouvoir combattre les cancers, mais exposent à de nombreux effets indésirables dont certains sont graves et relativement fréquent. Nous continuons de les utiliser faute de mieux, et parce que les patients retirent plus de bénéfices à se débarrasser de leur cancer quitte à avoir beaucoup d'effets secondaires, plutôt qu'à mourir de leur cancer.
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Exemples de balances bénéfices/risques |
Alors où je veux en venir avec mon histoire de balance bénéfices/risques concernant la sédentarité ? C'est tout simple : c'est un concept que l'on peut très bien appliquer à la sédentarité et à l'activité physique. Dans les deux cas, nous avons des bénéfices attendus et des risques encourus.
La balance truquée
La première raison qui retient une personne sédentaire de faire une activité physique c'est la peur de mal faire. La peur de se blesser, et de se retrouver encore plus mal qu'en ne faisant rien. C'est une peur bien légitime, bien que factuellement vous courrez beaucoup plus de risques en restant assis.e toute la journée qu'en allant courir. Continuez à lire pour vous en convaincre 😉
Cette peur découle de plusieurs facteurs, comme la difficulté à changer des habitudes, la peur de l'inconnu, les mauvaises expériences passées, et la mauvaise appréciation de la balance bénéfices/risques de l'activité physique et de la sédentarité.
On a vite tendance à considérer que l'activité physique, ça fait juste un peu de bien, et que ça permet surtout de devenir bon.ne dans un sport. Donc si on ne veut pas être spécialement bon.ne en sport, pas besoin de s'embêter à bouger. En plus, on a bien en tête les risques potentiels comme les douleurs articulaires, musculaires, les tendinopathies etc... Quand on ne s'imagine pas carrément que faire du sport détruit le corps à petit feu ...
A coté de ça, la sédentarité parait plus rassurante. Après tout on ne peut pas se faire mal en ne faisant rien ! Combien de fois je l'ai entendu celle là : "je me suis coincé.e le dos ! Pourtant je n'ai rien fais !"
Contre toute attente, le problème est justement là ! Ne rien faire, c'est affaiblir son corps petit à petit. C'est lui faire comprendre que ses muscles, sa souplesse, sa force, ne servent à rien ! Le corps est un grand économe, il ne conserve jamais quelque chose d'inutile. Quand vous êtes sédentaire vos capacités physiques fondent comme neige au soleil. Petit à petit vous êtes capable de faire de moins en moins de chose, vous raccourcissez vos balades parce qu'elle deviennent trop difficiles ou trop douloureuses, vous ne vous asseyez plus au sol, vous ne soulevez plus rien de lourd etc...
Vous adaptez votre quotidien. Mais jusqu'à quand ? Jusqu'à être à peine capable de marcher une heure, de ne pas pouvoir se relever des toilettes , ou d'avoir mal à la moindre sollicitation ?
Ces exemples vous paraissent peut être un peu extrêmes, et ils le sont. Un.e jeune, même sédentaire garde une forme minimale. Mais qu'en sera-t-il d'une personne âgée ? d'une personne malade ? ou handicapée ? Sans compter que les habitudes se forgent plutôt dans la jeunesse. Quelqu'un qui n'a jamais fait d'activité physique aura bien du mal à s'y mettre à 60 ans quand la nécessité se fera sentir !
Outre la forme physique qui se dégrade si on ne l'entretient pas, la sédentarité pose un autre énorme problème : elle favorise à peut près toutes les maladies chroniques connues : hypertension (qui augmente le risque d'AVC notamment), diabète (avec beaucoup de complications possibles comme des neuropathies, de graves problèmes de vue, des troubles cardio-vasculaires et j'en passe... ) , obésité, ostéoporose, cancers, maladie neuro dégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, et les douleur chroniques.
Oui vous avez bien lu. Rester dans son canapé provoque de la douleur. Je ne vais pas rentrer en détail dans les neurosciences de la douleur, mais il faut bien comprendre que c'est un mécanisme infiniment plus complexe que "je force trop sur une articulation, donc j'ai mal". Quand on ne bouge pas assez, c'est un peu comme si le corps devenait hyper sensible. A force, la moindre sollicitation devient douloureuse alors qu'elle ne devrait pas l'être. De plus, passé un certain cap, bon nombre de ces effets indésirables ne sont plus réversibles. C'est en amont qu'il faut être actif.ve pour maximiser ses chances de vieillir en bonne santé.
Quand on voit l'envers du décor, tout de suite la sédentarité parait moins sympathique. Mais au fond, je ne pense pas vous avoir appris grand chose. On sait bien que la sédentarité favorise les maladies. Et pourtant on a du mal à prendre ce risque au sérieux.
Pourquoi ?
Peut être parce que c'est un risque qui est lointain, un peu flou, complexe, et qui dépend de beaucoup d'autres facteurs comme le reste de notre hygiène de vie, le tabac, notre environnement, notre génétique ... Si j'ai un cancer à 60 ans, à quel point ma sédentarité est responsable ? Alors que quand on commence la course à pied de façon un peu trop bourrine et qu'on a mal au genou le lendemain, on ne se pose pas la question 36 ans. Le retour de bâton est quasi immédiat et nous fait tout de suite comprendre qu'on a fait une erreur. Mais l'erreur ici, ce n'est pas d'avoir commencé la course. C'est de l'avoir fait trop vite, trop fort, sur un corps qui n'était pas prêt !
Si cela vous donne envie de commencer la course à pied mais que vous ne voulez pas les effets secondaires c'est par ici : Pourquoi courir est bon pour votre dos ?
Vous le sentez venir le cercle vicieux ? Moins on bouge, plus on s’affaiblit en augmentant son risque de maladie chronique, plus on a tendance à se faire mal quand on essaie de bouger parce qu'on force trop par rapport à ses capacités, plus on est dégouté de l'activité tout en piétinant son estime de soi, moins on bouge etc ...
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Cercle vicieux de la sédentarité |
la vrai balance
Terminons par quelque chose de plus réjouissant. Nous avons vus que la sédentarité à d'innombrables défauts, mais nous n'avons pas encore vraiment parlé des bienfaits de l'activité physique. En fait, c'est assez simple : prenez les conséquences de la sédentarité, inversez les, et vous obtenez peu ou prou les bienfaits de l'activité physique.
- Protection contre les maladies chroniques et la douleur chronique (notamment celle liée à l'arthrose)
- Amélioration de la composition corporelle (le pourcentage de gras et de muscle dans le corps)
- Amélioration du sommeil, de l'humeur, du fonctionnement général du corps
- Aide à la gestion du stress
- Et bien entendu amélioration des capacités physiques
Ce dernier point est particulièrement crucial. Que recherche majoritairement les personnes âgées ? Vivre le plus longtemps possible ? Ou vivre autonomes et heureuses le plus longtemps possible ?
Aujourd'hui la médecine saura vous maintenir en vie. Mais pas nécessairement en bon état ! Et vous savez qu'elle est le facteur le plus prédictif d'une longue espérance de vie en bonne santé aujourd'hui ? C'est la masse musculaire de la personne. Plus elle en a, et plus elle restera longtemps autonome et en bonne santé. Plus elle sera robuste et pourra se relever en cas de coup dur.
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Balance bénéfices/risques de l'activité physique |
Maintenant que vous voyez les choses sous cet angle, est ce qu'une douleur articulaire, une tendinopathie ou même une entorse de temps en temps n'est pas un risque acceptable par rapport aux innombrables bénéfices de l'activité physique ?
D'autant plus que ces risques sont possibles à minimiser en ayant une activité physique bien adaptée. Et si malgré cela vous vous blessez, il n'y aura qu'à prendre le temps de vous soigner. Traiter une tendinite, c'est parfois difficile et long, mais on sait comment faire. On saura vous accompagner petit à petit pour guérir et tout refaire comme avant. On ne peut pas en dire autant quand on se remet partiellement d'un AVC, ou qu'on subit au quotidien une maladie dont il n'existe aucun traitement curatif.
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